En fer finement gravé et partiellement doré, de forme chantournée, le plateau est décoré d’une scène de la fable de La Fontaine Le Corbeau et le Renard, sur la partie la plus large, et d’un putto jouant de la flûte du côté de l’anse. L’ensemble est enrichi d’ornements rocailles composés de treillis, enroulements et fleurs. Le plateau repose sur trois petits pieds de laiton.

Bougeoir Louis XV : un chef-d’œuvre d’art décoratif du VIIIᵉ siècle

Un objet utilitaire devenu œuvre d’art

Au XVIIIᵉ siècle, le bougeoir n’est pas seulement un accessoire pratique destiné à supporter une chandelle : il devient un véritable objet d’art décoratif. Dans la période Louis XV (1715-1774), caractérisée par l’essor du style rocaille, les artisans orfèvres, bronziers et ferronniers transforment ces objets du quotidien en pièces raffinées. Le bougeoir s’intègre alors à l’univers des intérieurs aristocratiques et bourgeois, où chaque élément reflète le goût pour l’élégance et la mise en scène.

Les caractéristiques stylistiques Louis XV

Le style Louis XV est marqué par la légèreté, la courbe et l’asymétrie. Dans ce bougeoir en fer gravé et partiellement doré, on retrouve la forme chantournée typique du rocaille, avec ses contours souples et mouvementés. Les ornements de treillis, d’enroulements et de fleurs rappellent les décors que l’on retrouve dans le mobilier, les boiseries et les arts de la table de cette époque. Chaque détail, finement travaillé, exprime la volonté de créer une pièce où fonctionnalité et beauté se rejoignent.

Une iconographie riche : fables et putti

La présence d’une scène de la fable Le Corbeau et le Renard souligne l’importance de la culture littéraire et morale dans l’art décoratif du XVIIIᵉ siècle. Inspirée des Fables de La Fontaine, cette iconographie reflète la diffusion des classiques dans les objets du quotidien. Le putto jouant de la flûte, quant à lui, évoque le monde des arts et des plaisirs : musique, jeux et figures enfantines sont des thèmes récurrents du style Louis XV, associés à la douceur et à la galanterie.

Le mariage des matériaux : fer et laiton

Le choix du fer gravé, rehaussé de dorure, illustre la virtuosité des artisans capables de sublimer un matériau commun par le travail décoratif. Les pieds en laiton, matériau plus noble, apportent une touche de brillance et d’équilibre visuel. Cette combinaison témoigne du goût pour le raffinement discret, où chaque élément a une fonction technique mais aussi esthétique.

Le rôle du bougeoir dans l’art de vivre au XVIIIᵉ siècle

Dans les intérieurs Louis XV, le bougeoir participe à l’art de la lumière. Placé sur une table, une cheminée ou une console, il ne se contente pas d’éclairer : il diffuse une ambiance intime, met en valeur les dorures et les décors, et accompagne les moments de sociabilité. Sa richesse décorative en fait aussi un élément de représentation sociale, révélant le statut et le goût du propriétaire.

Un témoignage historique et artistique

Ce bougeoir chantourné incarne la quintessence du style rocaille français, mêlant fantaisie ornementale, références culturelles et excellence artisanale. Aujourd’hui, il constitue non seulement un objet de collection recherché, mais aussi un précieux témoignage de l’esthétique et du savoir-faire du XVIIIᵉ siècle. Pour les amateurs d’arts décoratifs, il illustre l’importance accordée à chaque détail dans la vie quotidienne sous Louis XV.